Boisson de luxe par excellence,le breuvage ambré voit ses prixs’envoler. Surtout ceux des bouteilles d’Écosse et d’Irlande, où la spéculation dénature parfois la magie.
Chaque mois, les prix du whisky s’envolent, les records de ventes s’enchaînent. Macallan, Bowmore, Karuizawa… Ces noms, souvent inconnus du grand public, rapportent gros aux investisseurs. Le secteur des ventes de whisky haut de gamme ne connaît pas la crise. Ces petits flacons de distillats de céréales sont les trésors alcoolisés des collectionneurs, au grand dam parfois des véritables amateurs aux budgets plus rationnels. Le whisky se positionne comme la boisson du luxe par excellence. Mais, heureusement, le savoir-faire se répand et des pépites sont encore à découvrir.
AU COMMENCEMENT, LA CÉRÉALE…
Habituellement, on retrouve de l’orge, du seigle ou encore du maïs. Deux procédés sont possibles. Le plus utilisé est le maltage, pour produire les incontournables “Single malt”. Cela consiste à faire germer la céréale et libérer des enzymes, qui vont transformer les amidons en sucre. Le maltage se déroule après la moisson, l’orge est trempée deux à trois jours avant d’être étalée sur un sol en béton pour permettre la germination. Traditionnellement, le séchage s’effectue grâce à un feu de charbon auquel on ajoute certains produits aux arômes puissants, comme la tourbe. Une fois l’orge maltée et séchée, elle est broyée et mixée à de l’eau chaude, où elle se transforme en un liquide sucré. On ajoute alors de la levure pour enclencher la fermentation, qui va durer environ 48 heures et produire un liquide à faible pourcentage d’alcool (équivalent à la bière). Ce liquide sera ensuite distillé, entre deux et trois fois en fonction du style, pour obtenir un alcool à environ 75o. À ce stade, l’alcool issu de la deuxième chauffe est clair et parfumé. Il peut faire l’objet d’une troisième distillation, comme c’est souvent le cas pour les whiskies irlandais. L’alcool récupéré est ramené au degré désiré par adjonction d’eau pure avant d’être transvasé dans des fûts en chêne pour le vieillissement de minimum trois ans. Si le procédé est grossièrement le même chez tous les producteurs, le savoir-faire des grandes distilleries apporte des spécificités dans chaque whisky.
MACALLAN, TOUT LE MONDE SE L’ARRACHE
Les whiskies les plus réputés sont nés dans le nord de l’Écosse. La célèbre rivière Spey traverse la région et sa vallée concentre une cinquantaine de distilleries renommées : Benromach, Glenfiddich, Aberlour. L’impressionnante distillerie Macallan se positionne comme l’incontournable de la région. D’abord, parce qu’elle est ancienne. Elle a été fondée en 1824 par un producteur d’orge local, et gérée par des habitants de la région. Après septante ans de production d’un whisky incroyable, Roderick Kemp a acquis la distillerie et s’est engagé à faire gonfler la notoriété de la marque. Aujourd’hui, c’est l’un des whiskies les plus vendus au monde (près de 700 000 bouteilles par an) et les éditions limitées s’arrachent comme des petits pains. Elles sont devenues le joujou des investisseurs. En quelques mois, les prix peuvent tripler sur les sites de ventes aux enchères. Les records les plus extravagants sont d’ailleurs détenus par Macallan. En 2019, par exemple, il a été battu par la bouteille baptisée The Macallan Fine & Rare 60 Year Old 42.6 ABV 1926, pour la somme de 1,7 million d’euros. Le whisky s’affiche aussi comme l’excellence auprès des plus grands, il est le whisky officiel de la House of Commons et a fait plusieurs apparitions dans les mains de James Bond. Mais si Macallan connaît une telle popularité, c’est aussi grâce à son goût unique. Toutes les qualités d’un single malt se retrouvent dans ses bouteilles. Les notes de malt sont claires et les arômes de bois parfaitement fondus. On constatera souvent que les Macallan jouent aussi sur la douceur. Les notes de fruits secs et de sherry sont courantes, souvent équilibrées par la fumée de bois et les épices. Un produit d’exception et de luxe incontestable, qui devient difficile à trouver. Petite astuce : une série de Macallan se vend exclusivement dans les commerces aéroportuaires. Il est donc plus aisé de trouver ce whisky à des prix encore raisonnables lors de vos déplacements à l’étranger.
LE JAPON, L’OUTSIDER
Face à la production très importante du nord de la Grande- Bretagne, un pays trace son chemin : le Japon. Au pays du soleil levant, la production de whisky est très récente (1923). Pourtant, rapidement, le pays a réussi à se hisser au rang des plus importantes productions en quantité et en qualité. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, les huit distilleries nippones en activité produisent des whiskies dans le respect des traditions avec des résultats charmeurs. Le procédé de fabrication s’apparente à celui de l’Écosse et, là aussi, la qualité de l’eau est primordiale. Le whisky japonais propose aux amateurs une réelle expérience innovante. D’où l’intérêt croissant pour ces produits. D’ailleurs, pour les novices curieux de découvrir le monde du whisky, le distillat japonais en est devenu “la porte d’entrée”, car il est plus accessible que le scotch au niveau des goûts. Le style est subtil, là où le whisky écossais sera fort et costaud. Contrairement aux écossais, qui ont une légère amertume en finale, les produits japonais bénéficient d’une note finale douce, moelleuse et suave. Dans les grandes compétitions internationales, ils réussissent souvent l’exploit et se positionnent parmi les meilleurs produits du monde.
📝 Journaliste & responsable de la rédaction
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